Joël Froment | Versailles | France | 1938-2023
Joël Froment est né dans une famille de 6 enfants, avec un père professeur de mathématiques, de physique et de chimie. Un voisin, peintre amateur, se prend d’amitié pour lui et le reçoit souvent pour lui montrer ses peintures. Des l’âge de 6 ans, il dessine à l’école un avion en marquant au-desous : « je serai peintre ou pilote. » Etait-ce prémonitoire ? Sa scolarité chez les Eudistes ou son père travaillait est laborieuse. Il n’est bon qu’en dessin. Apres avoir été renvoyé de plusieurs établissements, il rentre au lycée d’art de Sèvres. Il y passera 3 ans. A la suite de rapports conflictuels avec ses parents, il part de la maison et trouve à louer très peu cher une petite maison avenue de l’observatoire à Meudon. C’est sur cette avenue qu’ont résidé Céline et Rodin. Pour payer son loyer, il dessine à la craie sur les trottoirs de Paris. C’est à cette époque également qu’il entre dans une école préparant le professorat de la ville de Paris rue Froment (ça ne s’invente pas…). Cette rue porte le nom de ses ancêtres, des physiciens du 19 siècle. L’un d’eux est celui qui a travaillé pour Foucault et conçu la boule de son fameux pendule : la boule de Froment. Sa mère, n’ayant plus de nouvelles de Joël Froment, use de ses relations pour faire supprimer le sursis militaire qui lui avait été accordé. La conséquence est immédiate : il doit effectuer son service militaire. Nous sommes alors en 1958, époque de la guerre d’Algérie. Joël Froment est envoyé à Castel-Sarrazin dans un régiment de parachutistes. De là, après des classes de 6 mois, il partira pour Philadelphie, puis, de là, en Kabylie. Revenu en 1961, il se marie et présente un dossier à l’école supérieure des beaux arts de paris. Il est admis dans l’atelier Chastel. Il y suivra un enseignement très diversifié. Au programme : dessin, modelage, anatomie, histoire de l’art, perspective et art de la fresque dans l’atelier Berthole. Cet atelier lui donne l’incroyable opportunité d’entrer au cabinet des dessins du Louvre et l’autorisation exceptionnelle d’avoir entre les mains les dessins originaux de Léonard de Vinci et de Michel Age. Il est à cette époque professeur d’arts plastiques dans l’éducation nationale. En 1968 Apres 7 ans d’études il aura le 1 grand prix de Rome et sera le premier peintre abstrait à recevoir ceTte distinction. Ce prix lui donne l’accès à la Villa Medicis à Rome pour une durée de 36 mois, avec Balthus pour directeur. Il aura comme atelier celui qu’Ingres occupait lors de son séjour. Il était très troublant de voir par la fenêtre la ville de Rome qui servit de modele pour certaines œuvres de ce grand peintre. En 1968, Paris est en effervescence et le concours du prix de Rome est suspendu en juin et il doit reprendre à Versailles en septembre dans un aile du château. 1968 est aussi l’année où il part en Inde en voiture. Il apprendra à New Delhi la date de reprise mais pensant en avoir terminé avec la réalisation de son œuvre il ne rentrera pas spécialement. Le jugement étant début octobre. Durant son séjour il repartira en Inde en voiture une deuxième fois. Avoir 3 ans devant soi est une chance qu’il va saisir pour transformer son langage plastique, reprendre tout. Le résultat de ce travail sera exposé à la villa Médicis à la fin de son séjour. Ce travail est très inspiré de l’observation des tapis orientaux avec une multitude de signes créant une sorte de microcosme qui envahit la toile et baigné par la lumière. De retour à Paris il prend un atelier à Malakoff. Là, commence un long travail de reconstruction reprenant l’écriture pour savoir ce qui se cache derrière. Il abordera la géométrie pour sortir d’une écriture qui lui semble répétitive. Par ce travail il va rentrer dans le monde vertigineux de la couleur.
En 1985, il rencontre le mouvement Madi International (mouvement international se composant d’une soixantaine d’artistes de 15 pays différents qu’il préside de 1996 à 2008).