Publié dans “Art d’aujourd’hui, revue mensuelle d’art contemporain”, N. 5, decembre 1949.
I Principes généraux du Neo-plasticisme.
Le moyen plastique doit être le plan ou le prisme rectangulaire en couleur primaire (rouge, bleu et jaune) et en non-couleur (blanc, noir et gris) Dans l’architecture l’espace vide compte pour la non-couleur. La matière peut compter pour la couleur.
2 L’équivalence des moyens plastique est nécessaire. Différents de dimension et de couleurs, ils seront néanmoins de même valeur. L’équilibre indique en général une surface grande de non-couleur ou d’espace vide et une surface plutôt petite de couleur ou de matière.
3 La dualité d’opposition dans le moyen plastique est exigée de même dans la composition.
4 L’équilibre constant est atteint par le rapport de position, et exprimé par la ligne droite (limité du moyen plastique) dans son opposition principale (rectangulaire).
5 L’équilibre qui neutralise et annihile les moyens plastiques se fait par les rapports de proportion dans lesquels ils sont placés et qui causent le rythme vivant.
6 Toute symétrie sera exclue.
II Le Neo-plasticisme et la forme.
Dans la nature les rapports sont voilés par la matière apparaissante comme forme, comme couleur ou comme son-naturel. C’est cette « morphoplastique » qui a été suivre inconsciemment dans le passé bien par tous arts. Ainsi, dans le passé, l’art était « à-la-manière-de-la-nature ». Durant des siècles la peinture a exprimé plastiquement les rapports par la forme et la couleur naturelles jusqu’à ce qu’elle arrive, dans les temps présents, à la plastique des rapports seuls. Durant des siècles elle a composé au moyen de la forme et de la couleurs naturelles jusqu’à ce que, actuellement, la composition elle même devint « l’expression plastique », « l’image ».
III Le Neo-plasticisme et la couleur.
Malgré son expression plastique „intériorisée”, le neo-plasticisme reste « peinture ».
Son moyen d’expression est la couleur pure et déterminée dont les plans restent équivalents au surface du tableau c.a.d. la couleur reste plane dans le plan.
Elle n’est pas affaiblie en suivant les modulations de la forme, donc plus forte que dans la morphoplastique. La couleur trouve son opposition équivalente dans le non-couleur, c.a.d. le blanc, le noir et le gris.
IV Conséquences psychologiques et sociales du Neo-plasticisme.
L’équilibre par l’équivalence de la nature et de l’esprit, de ce qui est individuel et de ce qui est universel, du féminin et du masculin, le principe général du Neo-plasticisme, est non seulement cela pour la plastique mais encore il est réalisable dans l’homme, donc dans la société. Dans cette dernière l’équivalence de ce qui concerne la matière et de ce qui concerne l’esprit peut creëer une harmonie jusqu’ici inconnu.
Par intériorisation de ce qui est connu com-me matière et par extériorisation de ce qui est connu comme esprit − jusqu’ici trop séparés ! − matière-esprit devient une unité.
Le Neo-plasticisme démontre l’ordre exact. Il démontre l’équité, parce que l’équivalence des moyens-plastiques dans la composition dans la composition des moyens-plastique indique pour tous des droits d’une même valeur mais quand-même différents.
L’équilibre par une opposition contrariante et neutralisante annihile les individus comme personnalité particulière et creër donc la société future comme une véritable unité.
L’apparition naturelle dévoilée dans l’art signifie plus de clarté dans la conscience humaine de nos jours : cela vérifie l’évolution humaine !
Paris dec. 26. P. Mondrian.